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Déserts médicaux dentaires : prendre le problème à la racine

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Du côté des patients, le constat n’est pas fameux. A l’échelle du pays, il fallait déjà presque un mois en moyenne pour obtenir un rendez-vous chez le dentiste en 2018, selon une enquête menée à l’époque par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et de la statistique. Les délais se sont encore allongés avec la crise sanitaire.

Les maux dentaires constituent l’une des principales causes d’absentéisme à l’école et dans le milieu professionnel. Pourtant, il faut parfois attendre plusieurs semaines avant de pouvoir être pris en charge. Dans les régions sous-dotées comme la Creuse où les chirurgiens-dentistes manquent cruellement à l’appel, les patients n’hésitent pas à faire des heures de route pour consulter. 

Derrière ces dysfonctionnements se trouvent des praticiens parfois désabusés, souvent épuisés. Les chirurgiens-dentistes qui partent à la retraite peinent à trouver des successeurs, n’hésitant pas à « brader » leur cabinet quand, par chance, un candidat frappe à la porte. Les appels se multiplient et les créneaux se font rares voire inexistants quand il s’agit de répondre à des demandes de soins urgentes. Dans les zones sur-dotées, à l’inverse, les jeunes praticiens peinent parfois à bien gagner leur vie. Et que dire des problèmes liés à la formation ? Le coût et la difficulté des études poussent de plus en plus les apprentis-dentistes à se tourner vers l’étranger, notamment en Roumanie. Près d’un tiers des nouveaux chirurgiens-dentistes sont aujourd’hui titulaires d’un diplôme étranger.

Des disparités d’âge et de territoire

Si les dentistes souffrent autant que leurs patients, c’est parce que le système connaît des déséquilibres à tous les niveaux :

  • Les praticiens en activité ont une moyenne d’âge élevée, plus de la moitié étant proche de  de la retraite. Pourtant, le nombre de chirurgiens-dentistes fraîchement diplômés reste insuffisant.
  • Les territoires français qui ont les plus grosses pénuries de chirurgiens-dentistes sont aussi ceux qui attirent le moins. Alors que la Somme et la Mayenne ne comptent qu’une trentaine de praticiens pour 100 000 habitants, les grandes villes ont des chiffres parfois 5 fois plus élevés.
  • Les chirurgiens-dentistes en France n’ont jamais été aussi nombreux, mais la densité de ces professionnels ne cesse de diminuer, avec une baisse de 1 % par an en moyenne.

Face à ces constats, la pénurie de professionnels et la difficulté d’accès aux soins dentaires semblent inéluctables. Pourtant, des solutions concrètes peuvent être apportées. Certaines initiatives portent déjà leurs fruits.

Des solutions pour réinventer l’accès aux soins dentaires

Les régions sous-dotées l’ont particulièrement bien compris : l’heure ne doit pas être à la résignation. Ainsi, pour tenter de faire face à la crise, certaines recourent à des dispositifs de subvention étatique tels que le contrat d’engagement de santé publique (CESP). L’objectif : encourager les jeunes diplômés qui s’installent dans les zones où le besoin est particulièrement grand. En Normandie, le CESP peut même être cumulé avec une aide financière mensuelle de 400 euros. Une seule condition pour bénéficier de ces deux soutiens : effectuer son stage hospitalier et son stage libéral dans la région. Autre lueur d’espoir pour ce territoire : la création d’une formation d’odontologie au sein des universités de Caen et Rouen à la rentrée 2022.  On constate en effet que les jeunes diplômés s’installent très souvent dans les départements où ils ont fait leurs études. Pour cette région en proie à une forte pénurie de chirurgiens-dentistes, il s’agit donc d’une véritable aubaine.

D’autres pistes de solutions se profilent mais font encore débat. L’augmentation du numerus clausus, par exemple, pourrait régler une partie du problème. D’autres s’interrogent sur la nécessité de réglementer la profession pour l’installation, à l’instar des pharmaciens. On retiendra aussi les espoirs soulevés par des initiatives innovantes telles que la création du premier cabinet dentaire mobile équipé d’un système de radiologie et actuellement expérimenté dans la région Auvergne-Rhône-Alpes auprès d’une quarantaine d’Ehpad situés dans des déserts médicaux. Une sorte de solution dentaire 2.0, à l’heure où le système a plus que jamais besoin de se réinventer.

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